Conakry : quelle quantité d’ordures est produite dans les communes de la capitale guinéenne ?
Il est quasiment impossible d’obtenir des données précises, fiables et officielles sur la quantité d’ordures produites à Conakry.
La raison principale est que les systèmes de mesure et de collecte des données sont souvent incomplets. Cependant, en recoupant plusieurs sources notamment les rapports d’organisations internationales, les études et les articles de presse, il est possible d’obtenir une estimation relativement fiable.
Selon certaines sources non officielles, la quantité d’ordures ménagères produite à Conakry est estimée entre 25 000 et 35 000 tonnes par mois, soit environ 800 à 1 150 tonnes par jour.
Pour situer ces chiffres dans leur contexte, chaque habitant de Conakry produirait entre 0,5 et 0,7 kg de déchets par jour. Avec une population évaluée entre 2,5 et 3 millions d’habitants, la production totale atteint rapidement des niveaux alarmants.
Mais le véritable défi n’est pas seulement la production, c’est surtout la collecte.
D’après la Banque mondiale et d’autres organismes, le taux de collecte des ordures à Conakry ne dépasse pas 40 à 50 %.
Autrement dit, sur les quelque 30 000 tonnes générées chaque mois, seules 12 000 à 15 000 tonnes sont effectivement collectées et évacuées vers les décharges, notamment celle de la Minière.
Le reste, des milliers de tonnes, s’accumule dans les rues, les caniveaux, les terrains vagues et les cours d’eau, provoquant de graves problèmes sanitaires et environnementaux. Ces amas de déchets contribuent notamment aux inondations récurrentes que connaît la capitale guinéenne durant les saisons de pluies.
Concernant la composition des déchets, les ordures produites à Conakry sont majoritairement constituées de matières organiques (déchets de cuisine, restes alimentaires), représentant 65 à 80 % du total. Le reste comprend des plastiques, papiers, cartons, métaux et autres déchets non biodégradables.
Cette problématique est aggravée par la croissance démographique rapide et l’urbanisation accélérée du Grand Conakry, qui exercent une pression croissante sur le système de gestion des déchets. Pendant l’hivernage, les ordures non collectées obstruent les caniveaux et les drains, accentuant les inondations.
La question reste donc posée : Conakry parviendra-t-elle à se débarrasser durablement de ses déchets, alors que la ville manque cruellement d’infrastructures, de bennes à ordures, de centres de tri et de décharges adaptées ?
Le chiffre moyen de 30 000 tonnes de déchets produits par mois semble réaliste. Mais le véritable enjeu réside dans le fait que moins de la moitié de ces ordures sont effectivement prises en charge, un défi sanitaire et environnemental majeur pour la capitale guinéenne.
FÔFÔ CAMARA
