Décès de Moussa Koffoé : Kindia pleure un monument de l’humour guinéen
La ville de Kindia est en deuil. Moussa Koffoé Keita, l’un de ses fils les plus emblématiques, s’est éteint ce lundi matin à l’âge de 75 ans, des suites d’une brève maladie. Le comédien au talent reconnu est décédé à son domicile de Yabara, dans le quartier Tafory Météo.
Pour Mamaïssata Camara, directrice préfectorale de la Culture de Kindia, cette disparition est une perte immense, bien au-delà des frontières de la ville :
« Moussa Koffoé fut non seulement un grand humoriste, mais aussi un homme engagé dans le développement culturel de Kindia. Il a formé de nombreux artistes, et moi-même, j’ai grandi en le regardant évoluer. Aujourd’hui, toute la ville est bouleversée », confie-t-elle.
Des hommages officiels sont prévus ce mardi.
« En accord avec la famille, le ministère de la Culture et les autorités locales, un programme a été mis en place : la levée du corps aura lieu à 11h à l’hôpital régional, suivie d’un symposium à la place des Martyrs de 12h à 14h. Une prière sera ensuite dite avant son inhumation au cimetière familial de Yabara », précise-t-elle.

Les artistes ayant partagé la scène avec lui retiennent l’image d’un homme généreux, drôle et profondément humain. Mariama Chérif Haidara, alias Magbana, sa partenaire de longue date, témoigne avec émotion :
« Apprendre la mort de Moussa Koffoé m’a bouleversée. Nous avons traversé tant de choses ensemble dans le cinéma… Que Dieu ait son âme. Je demande à tous de soutenir sa famille dans cette épreuve. »
Le duo qu’ils formaient a marqué toute une génération. Une réplique culte issue de l’un de leurs sketchs a d’ailleurs donné son nom aux minibus de transport en commun de Conakry, aujourd’hui appelés « Magbana ». Dans cette scène légendaire, Koffoé déclarait en soussou à sa femme : « Magbana n’woto sara » — « Magbana, j’ai acheté une voiture ». La phrase est restée gravée dans les mémoires, au point que les véhicules eux-mêmes ont hérité de ce nom.
Le décès de Moussa Koffoé marque la fin d’une époque pour la culture guinéenne. Son nom restera à jamais lié à l’âge d’or du théâtre populaire, et à cette joie sincère qu’il savait transmettre au public.
Ibrahima Sory Traoré