SOGUIPAH : Où sont passés les arriérés impayés des planteurs ?
La SOGUIPAH, la société guinéenne des palmiers à huile et d’hévéas est dans la tourmente. Avec une grève qui profile à l’horizon. C’est le moins qu’on puisse dire, si les deux unions des planteurs de Gbeinson et de Nyékoré mettent leur menace à exécution. En cessant toute activité au sein de la société, si leurs revendications ne sont pas prises en compte dans quinze jours. Comme mentionné dans le préavis de grève déposé sur la table de la direction générale par ses frondeurs. Qui, au nom des planteurs, réclament entre autres, le paiement de quatre mois d’arriérés des planteurs qui s’élèvent de nos jours à 43 milliards de francs guinéens, le paiement des ristournes impayés de 2013 qui se chiffrent à 19 milliards de francs guinéens, la révision de la convention et la mise en place d’un conseil d’administration, dont la Soguipah est dépourvue.
Bien avant ce préavis de grève, les planteurs ont été reçus le 27 Avril dernier à Conakry par le premier Chef du Gouvernement. Au terme de leur rencontre, Docteur Bernard Gomou a instruit le Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage de trouver un crédit de 10 milliards GNF sur le budget du Fonds de Développement Agricole (FODA) pour soulager rapidement les planteurs. Nous apprenons que la procédure serait engagée et se trouverait dans le circuit financier entre le Budget, la Finance et la BCRG. Face au tollé que pourrait susciter cette fronde des planteurs contre la direction générale de la Soguipah, notre limier Bah Saikou s’est évertué à éclairer la lanterne de nos auditeurs, sur les tenants et les aboutissants de cette crise.
1- A Quoi la nouvelle équipe mise en place le 27 juin 2022 à la faveur de l’avènement du CNRD au pouvoir s’est-elle attelée, pour redresser la Soguipah?
Il est important de préciser qu’à la prise du pouvoir par le CNRD le 05 septembre 2021, la situation était très tendue à la SOGUIPAH. Il y avait des mouvements sociaux en cascades : les travailleurs, les planteurs, les transporteurs étaient tous mécontents de leurs conditions de vie et de travail.
Après un examen de la situation, il y a eu des interpellations devant la CRIEF, et finalement l’ancienne direction a été démise et poursuivie. Le partenaire historique SOCFINCO, qui avait un contrat de gestion sur la SOGUIPAH depuis 1995, a annoncé unilatéralement son retrait avec tous ses expatriés.
C’est dans ce contexte très sensible, que le président de la transition a pris un décret modifiant le statut de la SOGUIPAH en mai 2022.
Il s’agit de la nomination d’une nouvelle direction générale (un directeur général et deux adjoints, tous des nationaux) et l’envoi d’une équipe de l’Inspection Général des Finance IGF pour faire l’état des lieux.
La nouvelle équipe dirigeante a pris fonction en mi-juin 2022, a un moment où les planteurs partenaires privilégiés inséparables de la direction, avaient décidé de suspendre leurs livraisons à la société, pour faute de paiement.
Au terme d’intenses négociations, les planteurs ont accepté de reprendre les livraisons contre le paiement de 02 mois sur les 06 impayés en plus de la facture fraîche soit plus de 30 milliards.
La direction s’est donc engagée à payer chaque mois les factures des livraisons fraîches. Et éventuellement de faire face aux arriérés (les 04 mois restants), chaque fois que la trésorerie le permettra.
Dans nos enquêtes, il ressort clairement que la SOGUIPAH doit 04 mois d’arriérés aux planteurs, soit exactement 43 milliards 169 millions 995 mille 140 francs guinéens. Ce qui représente les sommes des factures impayées des mois de Novembre décembre 2021 et Janvier et Mai 2022.
Il est important de préciser que ce sont des dettes accumulées avant la nomination de cette nouvelle équipe, qui il faut le reconnaître, a payé régulièrement toutes les factures liées aux nouvelles livraisons depuis sa prise de fonction.
Il faut d’ailleurs noter que cette dette des planteurs était de 06 mois soit plus de 70 milliards de francs guinéens, la nouvelle a pu éponger 30 milliards de francs guinéens pour ramener les arriérés à 43 milliards de francs guinéens.
Il est important de préciser que la nouvelle direction a hérité d’une situation assez complexe:
✓ Dettes fournisseurs : près de 300 milliards dont 70 milliards des planteurs (cf rapport IGF) ;
✓ Plantations en friches et un abandon par les saigneurs dont la paie n’était plus régulière ;
✓ Le parc industriel (les usines en dangers, risque d’arrêt par manque de pièce de rechanges ;
✓ Un parc automobile vieillissant et difficile à entretenir dont des véhicules ont plus de 10 ans ;
✓ Une confiance rompue entre la société et tous ses partenaires : fournisseurs, salariés, clients et même celui qui avait en charge sa gestion depuis plus de 20 ans a jeté l’éponge parce que rassuré du dépôt de bilan et la fin de la société ;
2-LES RÉFORMES MENÉES PAR LA NOUVELLE ÉQUIPE.
• Le rapatriement de tous les avoirs à la BCRG pour un meilleur suivi par les autorités, la réduction du nombre de comptes dans les banques primaires, la limitation du recours aux prêts ;
• Le paiement régulier des salaires, des transporteurs et factures fraîches des planteurs.
• L’instauration d’un comité de direction et des comités techniques agricoles, industrielles, véritables cadres d’échanges sur les questions majeures et de décisions collégiales ;
• Le recrutement d’un cabinet pour l’élaboration d’un manuel de procédure de gestion administrative et comptable ainsi que le plan stratégique quinquennal ;
• La révision du règlement intérieur de la société ;
• Le début des réplantings des hévéas au cours de cette campagne 2023, après 10 ans et la programmation des extensions en grande envergure pour 2024 avec un objet de 600 ha d’hévéa et 250 ha de palmier à huile dont les pépinières sont en cours d’installations ;
• L’attribution du marché de construction d’une nouvelle usine de traitement caoutchouc de 6 tonnes heures qui va multiplier par 3 la capacité installée depuis plus 20 ans et triplé les recettes d’exportation ;
• Le renouvellement de l’huilerie qui a produit en 5 mois (février – juin 2023) plus d’huiles que toute l’année 2022 ;
• Le reprofilage des pistes des plantations, le suivi régulier des entretiens, les apports constants d’engrais et autres intrants qui font augmenter les productions
• L’achat en cours d’une brigade d’engins de terrassement et agricoles.
• La modernisation en cours de la savonnerie .
Notons que la trésorerie de la SOGUIPAH se porte mal en ce moment puisque les charges sont nettement supérieures aux recettes. La société compte de nos jours 4050 emplois directs et travaillent avec 10 mille planteurs.
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