Le Président Ahmed Sékou TOURE (AST) : une certaine vérité sur l’homme !
Je viens de lire la réaction ahurissante et teintée d’une forte dose de contre-vérité d’un ami, d’un frère, pour qui j’ai beaucoup d’estime dont je tais le nom ici, concernant le premier Président de notre pays : le Président Ahmed TOURE (paix à son âme).
« La bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ». Si mon cher ami se limitait à de simples critiques, aussi acerbes qu’elles soient, je ne lui aurais jamais répondu, car le camarade AST reste, même s’il n’est plus de ce monde, un personnage public. Mais, son intention délibérée de tout peindre en noir, de tout falsifier, concernant le premier régime, m’amène à réagir.
Des gens doivent prendre le temps souvent, avant de raconter quoi que ce soit sur notre vécu commun, de consulter les archives. Certes, le Président AST n’était pas un homme parfait mais, il n’était pas non plus un démon, comme veulent faire croire certains à l’opinion publique. Dire que ‘’si Sékou Touré avait fait quelque chose, on l’aurait vu maintenant’’ est une façon trop simplicité, réductrice voire tendancieuse d’aborder la question sur les acquis de la première République. Ce que cet ami ne sait pas ou essaie d’occulter, c’est que les acquis d’AST ont été, pour la plupart, bazardés par ceux qui l’ont succédé.
Cher ami, comme nous l’enseigne le journaliste Alain Foka : « Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un Peuple, car un Peuple sans histoire est un Peuple sans âme.»
À la mort du père de l’indépendance de notre pays, la République de Guinée avait sa compagnie aérienne (Air Guinée) qui avait une importante flotte : au moins deux Boeings, IL-18, AN-24, AN-12 (Cargos), YAK-40….
Plus de 300 unités-industrielles dont entre autres :
•l’Imprimerie Patrice Lumumba pour la production des cahiers :
Tous les cahiers que les élèves utilisaient étaient fabriqués chez nous ici.
•l’usine d’outillages agricoles de Mamou :
Spécialisée dans la fabrication des engins agricoles (charrues, dabas, pioches, haches, coupe-coupe, faucilles, etc…).
•l’usine de conserverie de Mamou : pour les confitures ;
•l’usine de jus de fruits de Kankan : pour les jus d’ananas, d’orange et autres) ;
•l’usine de sucrerie de Koba ;
•la briquerie de Kankan ;
•la scierie de N’Zérékoré : pour les meubles, contre-plaqués et autres ;
•l’usine de thé de Macenta ;
•l’usine de quinine de Sérédou ;
•la scierie de Niandan à Kissidougou ;
•l’usine de parfums de Labé ;
•l’usine de meubles de Sonfonia (Conakry) ;
•l’usine militaire du Camp Alpha Yaya ;
•la briqueterie de Kobaya ;
•l’huilerie de Dabola ;
•l’usine textile de Sanoya ;
•la société guinéenne des plastiques (SOGUIPLAST) ;
•l’usine de Gari de Faranah ;
•la société guinéenne de rechapage des pneus ;
•la société guinéenne de fabrique ‘’SOGUIFAB’’ : pour les tôles, les ustensiles de cuisine ;
•l’entreprise nationale des Tabacs et allumettes ‘’ENTA’’ : pour les cigarettes et allumettes, toutes fabriquées ici en Guinée.
•l’usine d’Acétylène de Matoto : pour la fabrication des ustensiles de ménage.
Ces usines employaient des milliers de guinéens et leur permettaient de subvenir aux besoins de leurs familles.
Aussi, à part l’aéroport de Conakry, les aéroports de Boké, de Sambayilo (Koundara), de Labé, Siguiri, Kankan, Faranah, Kissidougou, Macenta, N’Zérékoré, étaient régulièrement desservis par des avions guinéens, tous pilotés par des nationaux. A préciser de passage que ce sont ces mêmes avions qui assuraient le transport des étudiants guinéens, à l’aller comme au retour, partout où ils étaient à travers le monde. Ces étudiants avaient le choix de rester où ils étudiaient ou venir passer les vacances en Guinée, à côté des parents, avec tous les frais à la charge de l’Etat. Il convient de noter que le transport des pèlerins guinéens, même certains pèlerins des pays voisins, étaient assurés par ces avions.
Les lignes ferroviaires de Conakry-Fria, Conakry-Kankan-Niger (662 kilomètres), OBK (aujourd’hui CBK), ont été préservées par le régime du Camarade AST. Tristement, à sa mort, tous ces biens étatiques ont été bazardés, vendus à vil prix aux particuliers qui, malheureusement, n’ont pas pu les entretenir.
Parmi autres acquis du régime de feu Ahmed Sékou Touré, il faut également citer les multiples fermes agricoles avec leurs infrastructures, des domaines agricoles et près de 2000 tracteurs.
Tu affirmes par ailleurs, cher ami, que le Président Sékou Touré ne s’est pas battu seul et qu’on ne devrait pas lui attribuer, à lui seul, l’accession de notre patrimoine commun à la souveraineté internationale. Je suis tout à fait d’accord avec toi, cher ami, toutefois tu dois savoir qu’aucune bataille de ce monde n’a été remportée par un homme seul. Cependant, l’honneur de la victoire revient toujours à celui qui dirige la troupe, car un serpent sans tête est une simple liane. Le Prophète Mohamed (paix et salut sur lui) n’était pas seul aussi dans la lutte pour l’expansion de la religion musulmane, mais il est considéré par les musulmans comme étant le fondateur de la religion musulmane. Jésus de Nazareth n’était pas également seul, mais il est le messie des frères chrétiens. Bref, le Président AST a été le principal meneur et son idéal était l’indépendance totale et immédiate, sans compromis de notre pays. Il faut lui reconnaitre ce mérite.
Nul besoin de rappeler qu’actuellement le temps lui donne raison, car le sentiment anti-français gagne de plus en plus le berceau de l’humanité. Une des preuves est qu’aujourd’hui ce sont des extraits de ses discours panafricanistes et patriotiques qui foisonnent les réseaux sociaux à travers l’Afrique, au moment même où il y a un soulèvement total des peuples du continent face à la politique française africaine. Une manière de dire que le Président AST avait raison sur toute la ligne, s’agissant de la France, de l’impérialisme et du colonialisme.
Bref, le Président Ahmed Sékou Touré reste, quoi que certains fassent ou disent pour tenter d’éclabousser la mémoire de l’homme, l’un des plus grand Chef d’Etat que l’Afrique noire a connus. L’ancien Président de l’Assemblée Nationale guinéenne, honorable feu Aboubacar SOMPARE disait de l’homme, je cite « Sékou Touré est le plus grand des chefs d’Etat que l’Afrique a connu….Sékou Touré était juste. Il est mort, il n’avait pas un centime…. »
Sayon MARA, Juriste