Guinée: l’ONG Front Line Defenders condamne le meurtre d’au moins cinq manifestants et la détention des membres du FNDC

Front Line Defenders condamne le meurtre d’au moins cinq manifestants pacifiques lors des manifestations pacifiques du 20 octobre 2022 et la détention de deux défenseurs des droits humains en Guinée. La manifestation était organisée par des organisations de la société civile pour dénoncer la gestion de la transition par les autorités militaires et la détention de deux dirigeants du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) depuis le 30 juillet 2022.

Le samedi 30 juillet 2022, les défenseurs des droits humains Oumar Sylla et Ibrahima Diallo, membres des organisations Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) et Tournons la Page Guinée (TLP-Guinée) ont été arbitrairement arrêtés à leurs domiciles respectifs pour avoir appelé pour une manifestation le 28 juillet 2022 contre la gestion du pouvoir par la transition militaire menée par le colonel Mamadi Doumbouya. Les deux défenseurs des droits humains sont détenus à la prison civile de Conakry, après avoir été inculpés de « participation à un attroupement interdit, pillage, destruction de biens publics et privés, coups et blessures volontaires ».

Le FNDC, qui a principalement mené des manifestations ininterrompues à travers le pays de 2018 à 2021, pour dénoncer le changement de la Constitution pour permettre à l’ancien président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Le pouvoir d’Alpha Condé a été renversé par un coup d’État militaire en septembre 2021, qui a conduit à la transition actuelle dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Depuis qu’il est au pouvoir, le colonel Mamadi Doumbouya, a commencé à gouverner le pays d’une main de fer.

Le 13 mai 2022, la transition militaire a annoncé l’interdiction de toutes les manifestations jusqu’au début de la campagne électorale qui aura lieu dans deux ans. L’interdiction a enflammé le mouvement FNDC qui a appelé à des manifestations pacifiques dans tout le pays en juin et juillet 2022, pour dénoncer le leadership et la gouvernance de la transition militaire et demander un dialogue plus inclusif entre la société civile et le gouvernement. En réponse à ces protestations, le gouvernement de transition a interdit toute manifestation pacifique pendant la période de transition, arrêté certains dirigeants du FNDC et dissous le mouvement FNDC le 9 août 2022.

Front Line Defenders condamne l’usage excessif de la force et le meurtre de tous les manifestants pacifiques lors de la manifestation du 20 octobre 2022. L’organisation exprime en outre sa préoccupation face à la dissolution du mouvement FNDC et à l’interdiction de toutes les manifestations jusqu’aux campagnes électorales, qui sont un droit fondamental consacré par la Constitution guinéenne. Front Line Defenders appelle les autorités guinéennes à mener une enquête immédiate, approfondie et impartiale sur le meurtre des manifestants pacifiques, en vue de publier les résultats et de traduire les responsables en justice conformément aux normes internationales. Elle demande également la libération des défenseurs des droits humains Oumar Sylla et Ibrahima Diallo, et veiller à ce que les défenseurs des droits humains en Guinée soient libres d’exercer leurs droits fondamentaux garantis par la Constitution.

Front Line Defenders