France : Macron saisi pour suspendre la coopération militaire avec la Guinée…
En France, Emmanuel Macron vient d’être saisi pour suspendre la coopération militaire avec la Guinée, dirigée depuis la chute d’Alpha Condé par une junte, accusée de « malmener les droits humains ».
C’est une initiative de maître William Bourdon et Vincent Brengarth, Conseils des membres du FRONT NATIONAL DE DEFENSE DE LA CONSTITUTION (« FNDC »), mouvement citoyen créé le 3 avril 2019 en Guinée et réunissant les principaux partis d’opposition, des organisations de la société civile et des syndicats.
« Nous vous écrivons pour vous faire part de l’incompréhension la plus totale du FNDC devant la décision du Gouvernement français de reprendre la coopération militaire et sécuritaire avec la Guinée », mentionnent les deux avocats dans la note qu’ils ont adressé au président français Emmanuel Macron.
Pour fonder leurs argumentaires, ils se basent une série d’articles de presses dont celui publié le 7 octobre 2022 par le site Africa Intelligence qui dit que « la junte du Colonel Mamadi Doumbouya a sollicité Paris pour une assistance militaire le long de sa frontière nord-est au printemps dernier. Le Gouvernement français aurait répondu favorablement à cette demande, favorisant un rapprochement militaire entre la France et la Guinée ».
Maître William Bourdon et Vincent Brengarth affirment que la décision de reprendre la coopération militaire est en contradiction totale avec l’esprit qui préside dans les sanctions prises contre la Guinée par la Cedeao, compte tenu du retard pris dans la transition démocratique. Plus encore, poursuivent-ils, la coopération militaire intervient alors qu’un certain nombre d’éléments atteste de la violence de la répression qui s’abat en Guinée.
« En août 2022, la presse confirmait que deux décès étaient survenus après une manifestation le mercredi 17 août 2022 », rappellent les Conseils du FNDC dans leur correspondance adressée à Emmanuel Macron.
Ils observent aussi que le 15 aout 2022, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, écrivait notamment au chef de la junte :« je suis également préoccupée par les informations faisant état d’un grand nombre d’arrestations de manifestants, y compris des membres de l’opposition politique et de la société civile. De telles actions pourraient constituer des violations des droits à la liberté d’association et de réunion pacifique. Je demande instamment au gouvernement guinéen de veiller à ce que les personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient libérées et que leurs droits fondamentaux soient protégés de manière adéquate ».
Ils craignent que les moyens mis dans cette coopération ne favorisent l’accentuation de la répression en Guinée. « C’est donc tout à fait volontairement que la France apporte son soutien à la Guinée. Il est bien certain que tous les moyens directement et indirectement mis à la disposition de la junte militaire guinéenne, dans le cadre de toute coopération militaire et sécuritaire, pourraient être mobilisés au service de la répression. Cette coopération entraîne des effets indéniables dans la capacité des autorités guinéennes à pouvoir se maintenir au pouvoir, en dépit des engagements qui avaient été pris quant à une transition démocratique rapide », indiquent-ils.
Et de conclure : « Par la présente, nous tenions ainsi à vous faire part de la sidération du FNDC, émanation de la société civile en Guinée, face à la reprise de la coopération militaire que notre cliente vous demande de suspendre de nouveau. La persistance d’une coopération serait une atteinte manifeste aux droits fondamentaux, alors que la junte militaire s’enferme dans une conservation du pouvoir au prix d’une répression brutale ».