Edito : la Guinée, le paradis plein de parodies (Par Babila KEITA)
La Guinée, un pays immensément riche du fait de ses ressources du sol et du sous-sol. D’où l’appellation de scandale géologique. La Guinée, c’est ce même pays qu’on appelle château d’eau de l’Afrique de l’ouest avec ses 1200 cours d’eau. Sa nature verdoyante et ses massifs montagneux du fouta djallon, sont un véritable don qui donne envie aux citoyens du monde de venir la visiter. Malheureusement, la vie des Guinéens se lie à la pauvreté comme une longue histoire qui se raconte douloureusement depuis la nuit des temps. Ironie du sort, les Guinéens disent être les habitants du paradis.
Bienvenue en Guinée le pays aux mille réalités douloureuses mais qui se veut d’être appelé : Le paradis. C’est un paradis de près de 14 millions d’habitants installés sur une surface de 245.857 km². Un paradis dont les caractéristiques sont à l’opposé du paradis que nous décrivent les livres saints qui se trouve être un lieu merveilleux de bonheur éternel et de délices où vont les hommes bienheureux, les âmes des justes après la mort.
Mais notre paradis, c’est celui qui se décrit comme un pays en refondation et en rectification. Donc un paradis en chantier mais dont le plan de construction est un véritable mystère, car même l’ingénieur qui a promis de le refonder, ne sait toujours pas le plan qu’il veut donner à ce paradis et les caractéristiques qu’il doit rectifier.
C’est un paradis en chantier mais dont le délai de finition ne rassure pas les habitants.
C’est dans ce paradis qu’on vante les exploits d’une performance économique extraordinaire mais dont les impacts sur la vie de la population se mesure par la pauvreté qui accroît substantiellement de jour en jour.
Posez la question aux femmes du marché Matoto sur ce qu’elles pensent du paradis Guinée depuis l’avènement du géant providentiel.
Chaque jour, les nouvelles du paradis annoncent l’acquisition des millions de dollars par ci, et des milliards de francs par là. Les habitants du paradis commencent à se questionner où vont ces montants dont ils n’ont jamais vu les couleurs.
Les femmes du marché Avaria peuvent en témoigner.
Dans le paradis Guinée, les habitants ne mangent plus à leur faim. A peine certains trouvent un repas par jour. Pourtant, les gérants du paradis annoncent que nous sommes le deuxième pays producteur de riz. Pendant ce temps, le prix d’un sac de riz se négocie entre 300.000 et 320.000.
Quand la Guinée n’était pas encore le paradis, l’électricité était une denrée abondante à Conakry. Aujourd’hui, c’est l’obscurité qui enchante les habitants du paradis. Le lointain souvenir de distribution de tour à tour du courant est redevenu une actualité.
Les habitants du paradis paient désormais la facture de l’obscurité.
Dans le paradis, chaque jour qui passe, les habitants deviennent des mendiants. Quémander dans les coins des rues et sur la chaussée est devenu un métier.
Le paradis dont on parle, est un scandale géologique. Également, chaque jour qui passe, on parle de scandale financier. Si ce n’est pas à la Présidence, c’est la primature ou dans les ministères. Et c’est pourquoi la simple signature se paie désormais à 2 millions de dollars au ministère des mines.
C’est le paradis qui est doux, voici le refrain populaire du moment. Et c’est pourquoi, le litre du carburant est passé de 10 000 à 12 000 ; le pain de 4 000 à 5 000 ; le poisson de qualité se raréfie sur le marché et se réserve pour les personnes nantis et la viande ne se consomme plus qu’à l’occasion des fêtes.
Dans le paradis Guinée, le jour effraie et la nuit rassure. La tempête apaise et la stabilité créée le trouble. L’obscurité enchante et la lumière énerve. L’eau du forage guérit et celle du robinet rend malade.
Du règne du RPG à celui du CNRD, tout ce qui était bon, n’est plus bon. Ce qui était mauvais est désormais le meilleur. L’on se plaît dans le mal tel l’effet d’une malédiction.
Le paradis étant ainsi, les jeunes préfèrent maintenant prendre le chemin de l’enfer du désert, de la méditerranée et du Nicaragua, parce que le paradis est plein de parodies.
Mamoudou Babila KEITA