Durée de la Transition : le FNDT appelle à définir un « nouveau chronogramme »

Déclaration numéro 003 du FNDT du 30 Novembre 2023

Après deux ans de réformes difficiles et impopulaires initiées par les militaires au pouvoir en Guinée, le Front National pour la Défense de la Transition (FNDT), suite à une analyse profonde des actes posés et des réformes en cours, constate que le chronogramme   de deux  ans  issue de l’accord dynamique entre la Guinée et la CEDEAO   n’est plus  tenable. Par conséquent, elle encourage chaque acteur à faire ce constat à son niveau  pour se préparer  collectivement  à un dialogue courageux  visant  à s’accorder sur un contenu non partisan de la Transition et à définir un nouveau chronogramme qui tient compte des causes profondes ayant conduit aux coup d’Etat civile de 2020 et militaire de 2021 . Ces causes profondes  qui n’ont jamais permis l’alternance démocratique pacifique et la prospérité économique sont d’ordre social, économique et politique.

Parmi ces causes nous pouvons citer entre autres:

1.       Des constitutions guinéennes inadaptées à la réalité locale  et qui sont à l’origine de la prolifération de multiples partis politiques n’ayant pas les moyens humains, financiers et stratégiques pour être républicains, transversaux, impersonnels et couvrant tout le territoire.

2.        Des fichiers statistiques de la population sources de conflits électoraux et de la mauvaise planification des politiques publiques de développement

3.       Un processus électoral manuel, lourd et biaisé par des interventions multiples entre les bureaux de vote  et la centralisation nationale

4.       Des juges électoraux corrompus et inféodés à l’exécutif

5.       Le chômage exagéré  ayant fait de l’Etat le principal employeur depuis 1984.Une situation qui met plus de 80% de la population dans une condition de précarité dont sa pression  empêche l’appropriation des règles élémentaires de la démocratie et de la bonne gouvernance  et aggrave le repli identitaire et la recherche de solutions de facilité comme la corruption et l’enrichissement illicite.

6.       L’ethnicisation à outrance de l’administration publique civile et militaire à  cause de l’accès  au pouvoir des organisations politiques et militaires à coloration ethnique et non républicaine comme nous l’avons connu ces dernières années.

7.       L’impunité et l’enrichissement illicite ayant créé une bourgeoisie et une aristocratie politique et économique inféodées à la gestion de l’Etat et de la commande publique qui étouffe l’émergence d’un secteur privé efficace, performant  qui devrait permettre la naissance de champions nationaux innovateurs.

8.       L’absence d’investissement massif public et privé structurant capable de booster l’économie et de générer une classe moyenne consommatrice de la production locale

9.       La dépendance  coupable et durable du budget de l’Etat  aux activités d’extraction minière sans valeur ajoutée locale

10.   La relégation au second plan de l’éthique,  de la morale et  de la culture du travail et du mérite dans l’éducation académique, religieuse et citoyenne des populations et des dirigeants

11.   L’absence  pendant près de trente (30) ans d’un agenda national non partisan sur les fondamentaux de la nation.

Pour résoudre  ces problèmes profonds, il faut à la Guinée des reformes sociales, économiques et politiques courageuses portées par un gouvernant qui n’a pas d’agenda politique et de pression partisane communautaire ou politique ou militaire ou diplomatique sur son épaule et qui ne cherche  pas la popularité.  La réalité de la gouvernance de ces deux ans nous démontre que seul un gouvernement de transition militaire apolitique est mieux placé pour ce travail à condition que les guinéens dans leur majorité le confient une mission objective  qui ne devrait pas se résumer  seulement à l’organisation des élections pour changer de chefs  mais plutôt  à l’exécution d’un agenda national commun  de Rassemblement, de Refondation, de Redressement , de Rectification institutionnelle et de Repositionnement diplomatique et militaire stratégique assortie d’un chronogramme  réaliste, consensuel avec des indicateurs de performance connu et accepté  de tous.

Dans le cadre de ce nouveau pacte national, nous pouvons prendre :

·         Les 45 recommandations des assises nationales  citoyennes et la reforme des Forces de Défense et de Sécurité comme la dimension  cohésion sociale de la transition.

·         Les 44 projets et plus de la priorité présidentielle comme la dimension économique de la transition

·         Les 10 étapes du  chronogramme de l’accord dynamique avec la CEDEAO pour le retour à l’ordre constitutionnel  comme la dimension politique  de la transition

Ainsi le chronogramme définitif de la transition devra découler du planning  et du budget d’exécution des activités indispensables de ces trois dimensions nécessaires pour une transition réussie à la satisfaction du peuple de Guinée et de ses partenaires bi et multilatéraux.

Pour se faire,

·         Un dialogue inclusif  autour de la même table en Guinée et sans influence  sur la justice est indispensable

·         L’Unité sacrée  des Forces de Défense et de Sécurité autour de l’agenda national et du  Président du CNRD est indispensable

·         Une moralisation  sans faille et une gouvernance vertueuse de  la gestion publique par l’administration  civile et militaire pour construire la confiance entre la transition et les populations est un passage obligé.

·         Un soutien technique et financier  responsable de la communauté internationale à la transition  sera un atout.

Dans l’espoir que chaque guinéen  et ami de la Guinée sera dans la disposition d’apporter sa contribution à la réussite de la transition, nous exhortons le peuple de Guinée à resserrer les rangs pour la construction de la paix et de la cohésion sociale.

Fndt, Mon devoir, Ma Patrie

Le Bureau de la Coordination du FNDT