Crise énergétique : quand les Occidentaux font les yeux doux aux monarchies du Golfe
Confrontés à une crise énergétique aggravée par les sanctions contre Moscou, les pays occidentaux comptent sur leurs partenariats économiques avec les monarchies arabes pour alléger la facture. Alors que Joe Biden s’est rendu en Arabie Saoudite, Emmanuel Macron mise quant à lui sur les Émirats arabes unis, son allié privilégié dans la région, dont il a reçu le président Mohammed ben Zayed, lundi, en visite officielle.
Emmanuel Macron a reçu lundi 18 juillet à l’Élysée le nouveau président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed, qui effectuait en France sa première visite officielle depuis son arrivée à la tête du pays en mai. Cette rencontre, au cours de laquelle ont été signés des accords de partenariat sur la coopération énergétique, notamment sur l’approvisionnement de diesel pour la France, intervient dans un contexte particulier, au lendemain de la visite de Joe Biden en Arabie Saoudite, elle aussi, en partie dédiée à la crise énergétique.
Les pays Occidentaux, qui ont décidé d’imposer un embargo sur le pétrole russe, considéré comme la principale source de financement de la guerre en Ukraine, tentent de faire jouer leurs relations avec les pays du Golfe, pour garantir leur approvisionnement mais aussi moduler l’inflation galopante de l’or noir, qui pénalise leurs économies.
Partenaire commercial de premier plan
La rencontre entre Emmanuel Macron et Mohammed ben Zayed à l’Élysée, suivie d’un dîner d’État dans le parc du château de Versailles, avait pour but affiché de “confirmer les liens forts” entre les deux pays, liés par d’importants partenariats économiques.
En 2019, la France avait signé avec le pays le plus gros contrat d’armement de son histoire : 80 avions rafales ainsi que des missiles pour un montant de 17 milliards d’euros. La capitale émiratie abrite par ailleurs le plus grand projet culturel de la France à l’étranger : le Louvre Abu Dhabi, inauguré en 2017.
“Pour la France, les Émirats arabes unis sont le troisième pays en termes d’excédent commercial, derrière le Royaume Uni et Singapour” rappelle Alexandre Kazerouni, politologue, professeur à l’École normale supérieure, spécialisé sur le monde musulman contemporain, soulignant l’importance de la relation entre les deux pays pour la balance commerciale de la France.
Mais outre l’approfondissement des partenariats déjà existant, la France attend surtout aujourd’hui des Émirats “une réponse à la crise énergétique”, souligne l’auteur du livre “Le miroir des cheikhs – musée et politique dans les principautés du Golfe persique”, car ce pays, allié stratégique de la France, est le troisième producteur de pétrole du Golfe persique derrière l’Arabie Saoudite et l’Irak.
Une alternative au pétrole russe ?
Alors que les tarifs de l’énergie connaissaient déjà une forte poussée du fait des perturbations liées à la pandémie de Covid-19, l’annonce le 31 mai d’un embargo européen sur le pétrole russe, qui vise à réduire de 90 % les exportations d’ici 2023, a encore accéléré cette tendance.
Début juin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire expliquait déjà que la France cherchait des alternatives, affirmant que des négociations avaient été engagées avec les Émirats arabes unis.
avec F24