Crise au Sénégal : un troisième mort dans des heurts samedi, le mouvement de contestation se poursuit
Un jeune homme de 19 ans est mort ce samedi, portant à trois au total le nombre de tués depuis le début de la crise liée au report de l’élection présidentielle
Un jeune de 19 ans est mort samedi des suites de ses blessures reçues lors d’une manifestation dans le sud du Sénégal, portant à trois le nombre de tués dans le pays depuis le début de la crise liée au report de l’élection présidentielle, selon des sources hospitalière et politique dimanche.
À Ziguinchor, un « jeune de 19 ans a reçu un projectile sur la tête et il est décédé de ses blessures à la réanimation hier soir », a déclaré un responsable hospitalier sous couvert d’anonymat. « Il y a eu plusieurs blessés graves pendant les manifestations et l’un est décédé. Il a été atteint d’une balle à la tête », a affirmé Abdou Sané, coordinateur du parti de l’opposition Pastef à Ziguinchor. Le garçon était un lycéen qui habitait le quartier communément appelé « Grand Dakar » à Ziguinchor, a-t-il précisé.
La plupart des villes du Sénégal sont restées calmes samedi mais des manifestations spontanées se sont poursuivies dans cette ville de Casamance, fief de l’opposant emprisonné Ousmane Sonko. Elles ont mis en prise plusieurs dizaines de jeunes, parfois très jeunes, et des forces de sécurité qui les éloignaient en jetant du gaz lacrymogène.
Une enquête a déjà été ouverte après la mort vendredi d’un étudiant en géographie à Saint-Louis (nord) dans des circonstances encore non élucidées, et un vendeur ambulant a succombé à ses blessures samedi à Dakar, victime selon ses proches d’un tir de gendarme la veille.
« Coup d’État constitutionnel »
Une nouvelle manifestation lancée par un collectif de la société civile, Aar Sunu Élection («Protégeons notre élection ») est prévue mardi.
Le président Macky Sall a pris de court tout le monde en reportant les élections à trois semaines du scrutin, une décision entérinée par l’Assemblée nationale qui voté un ajournement de l’échéance électorale au 15 décembre, après avoir expulsé par la force les députés de l’opposition.
L’Assemblée a aussi voté le maintien au pouvoir de Macky Sall jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Son deuxième mandat expirait officiellement le 2 avril. Ce report a soulevé une indignation largement partagée sur les réseaux sociaux, l’opposition criant au « coup d’État constitutionnel ». Les partenaires internationaux du Sénégal ont marqué leur préoccupation et appelé à organiser des élections le plus rapidement possible.